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Monday, October 29, 2012

Dinosaur Jr.






À l'occasion de la sortie du nouvel album de Dinosaur Jr, voici un petit résumé de la discographie du groupe pour ceux qui voudraient se pencher sur la carrière de ces authentiques pionniers et héros de la scène grunge (pas le grunge métal d'Alice In Chains, Soundgarden ou Stone Temple Pilots mais bel et bien le "vrai" grunge de descendance punk/hardcore qui a inspiré Nirvana).






DINOSAUR (3/5)
1985
Les débuts brouillons et timides du jeune trio de Boston, qui devra ajouter le suffixe "Jr." à son nom suite à des problèmes légaux (un autre groupe était propriétaire du nom Dinosaur). La vision singulière et les talents de Jmascis, Barlow et Murph sont déjà évidents, mais le tout manque de cohésion et la production maigrelette ne rend pas justice à la puissance de leur son. Néanmoins, plusieurs titres bien torchés font tourner les têtes de toute la scène indé américaine.






YOU'RE LIVING ALL OVER ME (5/5)
1987
La claque. Plus court, plus musclé et plus direct que son prédécesseur cet album expose au grand jour tout ce qui fait le sel de Dinosaur Jr: une voix plaintive et flemmarde perdue dans un mur de distorsion, de riffs surexcités et de percussions bordéliques. La production reste crade et amateur à souhait mais ne peut contenir la flamboyance d'un groupe qui inaugure un son, un style et presque une philosophie. Une sorte de "Fun House" des années 80 pour la génération slacker, un classique à la fois mélodique et outrageusement noisy qui frôle la perfection de bout en bout.






BUG (4,5/5)
1989
Le début officiel de la dictature de JMascis. Lou Barlow, l'écorché vif du groupe, n'écrit plus aucune chanson et se contente d'assurer le service minimum à la basse, ce qui n'empêche pourtant pas Bug d'être accueilli comme un nouveau chef d'oeuvre. C'est un Dinosaur Jr un poil moins hardcore que l'on découvre avec cet ultime disque pour le légendaire label indé SST, truffé d'excellentes chansons qui flirtent davantage avec la pop et le folk. JMascis prend de plus en plus confiance en ses qualités de songwriter et de guitariste.






GREEN MIND (4/5)
1991
Le grand saut de Dinosaur Jr sur une major s'effectue après l'éviction de Lou Barlow, dont le groupe Sebadoh deviendra l'un des piliers de la scène lo-fi des années 90. JMascis continue dans la voie plus ouvertement pop tracée par Bug, et un sympathique EP dans la même veine (Whatever's Cool With Me) sortira peu après Green Mind pour enfoncer le clou. Sans abandonner les dissonances et les distorsions qui font la réputation du groupe, ce disque bénéficie d'une production plus fine dont le son fait souvent penser aux Pixies. Évidemment, pas de loud/quiet/loud ici puisqu'il est désormais établi que tout ou presque est "loud" chez Dinosaur Jr. Encore un très bon album.





WHERE YOU BEEN (5/5)
1993
Si Green Mind restreignait légèrement la démesure noisy du groupe, le meilleur disque de l'ère post-Barlow remet les pendules à l'heure et les amplis à 11 (ok, 12 ou 13 dans le cas de JMascis) grâce à une production résolument métallique. Des riffs dévastateurs et autres solos de guitare épiques se succèdent sur des titres plus mélodiques que jamais. On note aussi l'apparition de plusieurs compositions mid-tempo influencées par Neil Young, des presque-ballades déjà tentées sur les albums précédents qui prennent ici une dimension bien supérieure, portées par la maturité du groupe et l'excellent travail de Murph à la batterie. Le virage noise-pop est consommé et Dinosaur Jr bascule définitivement dans la légende.






WITHOUT A SOUND (3/5)
1994
Difficile pour moi de noter cet album puisque c'est celui qui m'a fait découvrir et aimer le groupe, mais en toute objectivité cet étrange "Where You Been II" est un point de cassure dans la discographie de Dinosaur Jr. JMascis vire Murph et opte pour une approche grunge FM qui fera de Without a Sound son plus gros succès commercial sur le dos du tube très pixien Feel The Pain. L'ensemble est satisfaisant, parfois brillant, mais quelque peu plombé par certains titres anecdotiques et la sensation d'épuisement mental lié à l'alcoolisme de JMascis.






HAND IT OVER (3/5)
1997
Un JMascis sobre et prêt à en découdre livre un album de power-pop qui n'a dans le fond plus grand chose à voir avec l'énergie punk maintenue jusqu'à Where You Been. Tous les ingrédients soniques propres à Dinosaur Jr semblent pourtant réunis sur ce disque sophistiqué qui se permet d'ajouter des arrangements délicats à la recette (un piccolo par-ci, un banjo par-là), et notre guitar hero se fend même de quelques-unes de ses plus belles envolées sur le haut du manche. Une manoeuvre qui pourrait s'avérer payante chez d'autres groupes, mais Hand it Over ne parvient pas à rallumer la flamme et sent l'album solo à plein nez malgré une première moitié inspirée. Fin d'une étape.






BEYOND (4,5/5)
2007
Suite à l'heureuse reformation des trois membres originaux, le toujours dangereux test du "comeback album" est plus que convaincant. Si l'âge du groupe se fait sentir dans l'ambiance très classic rock qui se dégage de Beyond on y retrouve en revanche tout le mordant qui faisait défaut au Dinosaur Jr lessivé de Without a Sound et Hand it Over. JMascis reprend les choses où il les avait laissées avec Where You Been, cette fois accompagné de ses deux meilleurs lieutenants. Lou Barlow contribue même deux superbes chansons qui montrent à quel point son retour est bénéfique, sans parler de son jeu de basse viscéralement dinosaurien. Un album qui résume bien toutes les qualités du groupe tout en appuyant fermement sur le bouton reset.






FARM (4/5)
2009
Le succès de Beyond encourage JMascis, Barlow et Murph à lui donner une suite, avec presque autant de réussite. Farm est un disque qui fleure bon la confiance retrouvée lors des nombreuses tournées ayant suivi la reformation. Le groupe a retrouvé son mojo sur scène et en profite pour pondre un album épique dont le son plus brutasse et plus uniforme se rapproche de ce que l'on peut entendre en concert. Les arrangements soignés et contrastés de Beyond sont donc remplacés par un mur de guitares presque assourdissant du toujours mégalo JMascis, bouffant la basse de Barlow comme au bon vieux temps de Bug. Du bon gros rock dans ta face qui a néanmoins ravi les amateurs grâce à la très bonne tenue des chansons.






I BET ON SKY (4/5)
2012
Le vieux Dino n'a plus grand chose de Junior mais ne montre aucun signe de fatigue sur ce dixième album. Il suffit d'écouter les deux premières chansons du disque, magistrales, pour s'apercevoir que le groupe continue de s'amuser à explorer tranquillement les possibilités et les nuances d'un son façonné il y a plus d'un quart de siècle, en des temps reculés où un certain Kurt encore inconnu se précipitait à leurs concerts. I Bet On Sky délaisse l'agressivité et les jams à rallonge de Farm au profit d'une approche plus pop et enjouée, voire "funky" comme l'a indiqué un JMascis toujours aussi peu loquace en interview. Lou Barlow s'affirme davantage, tant à la basse que dans la qualité de ses chansons, tandis que Murph fait du Murph, c'est-à-dire du très bon boulot. Un disque de rock à la fois cool et plein de métier comme on en entend trop peu de nos jours de la part des survivants et autres ressuscités de l'ère grunge.